C’est la fin d’une autre journée. Il vient de passer 14 longues heures à construire un chemin. La plupart de ses collègues sont physiquement épuisés et se sont endormis dans la petite cabine de couchage qu’ils partagent. Étendu sans sommeil, il réfléchit à la vie; elle doit avoir bien plus à offrir que ceci.
C’était en 1857, époque où l’Ontario était en voie de devenir une destination trépidante pour les visiteurs du monde entier. La construction de routes était alors une carrière honorable et il était considéré parmi l’un des meilleurs artisans qui soit. Il exerçait son métier sans efforts et suivait les instructions données par les ingénieurs. Quelque Jo Connaissant en habit d’affaire a cru bon construire des routes aussi droites que possible. Ça lui donnait mal au cœur.
Le lendemain, il reçoit un télégramme d’un ancien collègue de l’Écosse. Son vieil ami était l’un des meilleurs constructeurs de routes qu’il n’ait jamais connu.
Il lit le télégramme et commence immédiatement à rassembler ses affaires. Il quitte le camp le matin-même en direction des hautes-terres de l’Ontario – il a pour mission de construire la route qu’il est né pour construire.
À son arrivée au camp des hautes-terres, il est étonné d’y retrouver des hommes aux compétences égales aux siennes. Pour lui, c’était du jamais vu, un territoire inconnu, mais il était enthousiaste de faire partie d’un groupe d’artisans élites.
Pendant des années, ils ont travaillé en équipe unie. Ils ont façonné des chemins qui traduisaient plus leur parcours que la destination. Chaque jour, il pratiquait son métier; la nuit il envisageait les défis que le lendemain lui apporterait.
Quand la route est achevée, il contemple l’œuvre de ses mains en sachant qu’il en fait désormais partie. Chacun des virages sinueux représente un jalon de son cheminement personnel.